Quel avenir pour l'auto-édition ?

• Rédigé par Marc Bonnant - -

Comme nombre d’auteurs consciencieux, je réserve un tiroir de mon bureau à l’usage des textes dont le devenir me semble incertain. C’est leur purgatoire, en quelque sorte, mais aussi leur bassin de décantation. À vrai dire, la perspective même de devoir les reprendre m’exténue par avance, si bien que, la plupart du temps, je fais mine de les ignorer. Pourtant, au lendemain d’un événement récent (rien qui vaille d’être relaté ici), l’envie m’a pris de leur donner une seconde chance et de les toiletter. Deux semaines m’ont suffi à abattre la besogne tant redoutée. Le résultat de cette lente exhumation est un recueil de nouvelles que j’ai l’immense honneur de vous présenter ici, non pas tant pour ses qualités incontestables (!) que pour le mode de publication retenu.

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Propos sur l’être

• Rédigé par Marc Bonnant - -

À chaque fois que la connaissance s’empare du problème de l’être, surgit, lancinante et impérieuse, la question leibnizienne, à laquelle nul savoir rationnel ne pourra jamais répondre et qui pourtant demeure le socle de cette discipline fondamentale qu’Aristote nommait « philosophie première ». Or l’étude des causes premières, des principes causa sui, ne saurait exclure celle des fins dernières, de la destinée. On mesure aussitôt l’étendue du champ de la réflexion métaphysique et la distance qui sépare le cogito des horizons vers lesquels il tend.

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Dernière escale avant le Vide

• Rédigé par Marc Bonnant - -

Une certaine presse n’avait pas attendu que la dépouille de Cioran refroidisse pour se souvenir du sympathisant de la Garde de Fer, du jeune extrémiste de la Transfiguration, (1) comme s’il convenait mieux de conspuer un mort encore chaud plutôt qu’un moribond… La même presse n’avait-elle pas acclamé la parution de chacun de ses livres, saluant le style hors pair, l’esprit élevé ? Notre « gai pessimiste » valait bien ce dernier paradoxe, pour l’honneur — ou le déshonneur.

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Pierre parmi les pierres

• Rédigé par Marc Bonnant - -

Ce sont les Nouvelles Éditions Oswald (NEO) qui m’ont révélé Jean Ray alors que je n’en connaissais rien, sinon que sa postérité légitime l’érigeait en « digne successeur de Lovecraft en Europe » ou en « Edgar Poe belge ». Son recueil Le Carrousel des Maléfices (1) m’avait déjà étourdi par sa concision scrupuleuse, son vocabulaire choisi et aussi ce scientisme qui annonçait déjà l’émergence d’un fantastique « érudit ». Mais sans le savoir j’avais abordé le continent Ray par ses rives les moins attrayantes, car ce que j’allais découvrir, à la suite de cette frugale mise en bouche, n’avait de comparable qu’une immersion pétrifiante sous les glaces d’une banquise…

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Le plus romantique des parnassiens

• Rédigé par Marc Bonnant - -

Pour quel idéal le cœur de Sully Prudhomme bat-il ? Parnasse, romantisme : où va sa préférence ? Sans doute n’a-t-il jamais souhaité choisir. Il réside dans cet entre-deux de la poésie où Dierx, Banville, Mendès et d’autres ont séjourné aussi, un espace intermédiaire partagé entre raison et passion, entre l’amour des hommes et celui de la nature, comme si toute inféodation à un genre, tout enfermement, s’avérait contraire à la vocation du poète dont la vacillation permanente, si elle n’exclue pas l’engagement, n’arrête jamais aucune conviction décisive. Révélé par Sainte-Beuve en 1865 avec Stances et Poèmes, Sully Prudhomme n’a que vingt-six ans et déjà son élégiaque « Vase brisé » est récité partout. Gloire discrète et précoce pour ce fils de bourgeois se rêvant un autre destin que celui qu’on lui propose. Une mère veuve et austère, une santé précaire qui lui ferme les portes de Polytechnique, un cursus juridique qu’il achève dans la fadeur des études notariales, une brève carrière d’ingénieur chez Schneider, des amours contrariées et douloureuses : tel est le bois dont Sully Prudhomme est fait, une essence à la saveur un peu âpre mais au cœur recelant une infinie richesse de nuances.

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