Sortir au jour

Rédigé par Marc Bonnant - -

Chacun de nous doit se résoudre à disparaître. Même nos saints héros, dont les reliques pulvérulentes remplissent panthéons et pyramides, ont rendu leur dernier souffle. Les sublimations de l’être portées par le désir religieux n’ont, pour l’heure, offert aucune démonstration que l’esprit survit à la chair, ou qu’il s’incarne dans la peau d’un autre pour un temps imparti… Inversement, aucun athéisme n’est encore venu prouver que l’âme s’éteint, périssant avec le corps, et qu’il n’existe pas plus de vie après l’être qu’il n’en existe avant lui. Ce double constat d’irrésolution n’a jamais empêché quiconque d’accorder foi à telle ou telle option selon son gré ; le « pari pascalien » en est une illustration inquiète mais raisonnable.

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Le langage du silence

Rédigé par Marc Bonnant - -

L’absence de parole suppose-t-elle nécessairement une absence de communication ? La définition du silence n’obvie pas à cette méprise ordinaire que chacun commet lorsqu’il fait abstraction de toute inférence métalinguistique dans le processus du langage. Comme on ne peut exclure l’existence d’un silence absolu, non communiquant, on se saurait ignorer le vacarme assourdissant de certains silences, semés à dessein dans les inflexions de la parole parmi lesquelles ils signifient tout autant, sinon davantage. Car loin de nier le langage, loin de le priver de sa fonction naturelle, le silence est apodictiquement consubstantiel à ce dernier : sans silence(s), nulle parole. De même que l’espace typographique confère à l’écriture sa respiration, le blanc sonore projette le discours au-delà de la matière audible, il l’exalte en opposant au néant sa structure labile faite d’interstices et de césures.

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Lettre à un ami lointain

Rédigé par Marc Bonnant - -

Pour Cioran, la liberté commence par un renoncement aux origines. La volonté de penser et d’écrire dans une langue étrangère constitue le premier mouvement d’un exil désiré, quitte à se dépendre de toutes les servitudes du cœur. S’acclimater au néant, se découvrir des affinités avec le chaos, devient un principe de survie : « Tout est superflu. Le vide aurait suffi. » Cioran vivra cet abandon dans le remords.

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L’incommodant monsieur Caraco

Rédigé par Marc Bonnant - -

Il est des auteurs que l’on cache parce qu’ils ont manqué de rayonnement, d’attrait, d’audience, ou parce que, flanqués de leur rôle mineur, on ne les juge pas dignes d’être montrés. Alors nous les écartons et finissons par les remiser dans le déni ou dans l’oubli, comme s’ils n’avaient jamais existé. Il en est d’autres, en outre, dont on voudrait se débarrasser à tout prix, une fois lus, parce qu’ils nous ont dérangés dans notre confort, nous ont troublés, éperonnés de leur acuité blessante. Ceux-là nous rappellent sans ménagement à nos faiblesses de lecteur, jusqu’à nous faire captifs d’un malaise sournois, durable. C’est le cas de l’incommodant monsieur Caraco.

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