Lettre à Josué [2]
« Il ne suffit pas d’avoir traversé à pieds la péninsule de Yamal et mangé le renne avec le peuple des yourtes pour s’affranchir de l’insuffisance du réel. C’est ce pour quoi la littérature existe, il me semble. Vous connaissez Gautier comme je le connais ; à chaque fois qu’il nous fait l’honneur d’une visite, nous avons droit à une nouvelle fable… N’a-t-il pas affronté les neiges incarnates du Nordend par son ubac tant redouté, manquant d'y périr plusieurs fois ? N’a-t-il pas survécu à la lèpre ligneuse que l’on contracte dans les tourbières de l’ancienne Bessarabie, et aussi à la morsure présumée létale du latrodecte d’Argentine qui a pour habitude de se nicher dans les cols de chemise ?