Les automnes de l’âme

Rédigé par Marc Bonnant - -

La mélancolie n’a plus cours, du moins dans l’état où les Romantiques nous l’ont laissée. Seuls désormais les nostalgiques s’emploient encore à la faire chanter lorsqu’ils s’émeuvent ; mais la nostalgie, pour puissante qu’elle soit, reste un art mineur. Déjà le Baudelaire sarcastique de Mon cœur mis à nu avait annoncé la fin d’un temps. La modernité littéraire s’est inventé un succédané depuis le décadentisme, une autre façon de désespérer, plus accessible, plus pernicieuse aussi : la désinvolture, autrement dit le dédain de tout, le culte de l’indifférence. On a vu, peu à peu, la posture de l’écrivain incliner au nonchaloir, sinon à l’indigence, le sujet être placé si haut qu’il disparaît du récit, le verbe s’assécher, se corrompre, se disloquer, l’expression même, à force de suggérer, cesser de signifier… Tout cela au nom d’une nouvelle manière de dire son ennui ; c’est bien cher payé. Il ne reste plus rien, semble-t-il, de la prose expansive et prodigue des initiateurs du « vague des passions », même si la postérité oublieuse ne peut dignement s’y soustraire sans prétendre au déni de filiation. Simple abandon ou dégénérescence d’un genre épuisé ?

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