De l’ennui

Rédigé par Marc Bonnant - -

Notion si récente dans la philosophie qu’elle n’y apparaît qu’au XVIIIe siècle, à l’avènement de cet Âge de la Raison voyant s’imposer tout à la fois la perception du soi individuel et le désir de son accomplissement, l’ennui était jusqu’alors l’apanage des gens de la cour, ivres de satiété, ceux-là seuls auxquels il était permis de s’ennuyer et d’en avoir conscience. Mais loin des fastes du palais, le dogme austère des abbayes, qui punissait le péché de tristesse et d’indifférence, décrétait que l’amour de Dieu n’autorisait aucune vacance de l’esprit et que le temps imparti à la prière servait à combler les repos hasardeux dans lesquels la pensée parfois s’abandonne et se corrompt ; l’ennui monacal, en tant que déni de soumission plutôt que défaut d’appétence, y était vu comme un égarement dommageable, une faiblesse à bannir sans réserve ni pardon.

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